Margrit
tout s’était teinté de noir, mon cœur, mon âme
il les broyait
j’étais loin de toi
quand la maladie a pris le pas
sur toi
tu avais lâché le combat
noir, noir
c’était comme un puits sans fond
vivre notre voisinage sans toi
comment ?
et lors de tes derniers jours…faible, souriante
j’avais pu te voir
quelques secondes, une minute, deux peut-être
suffisantes pour croire
croire que je ne te verrais plus
en orange, c’est ainsi que je t’avais décrite lors de la cérémonie d’adieu
orange, pulpeuse, pleine du jus de la vie
orange et mêlée de rouge parfois quand tu devenais piquante
jaune comme le soleil ardent de ton cœur
et ce matin j’entrevois toutes les couleurs
pas seulement celles de l’arc-en-ciel
pastelles
ravissantes, certes mais un peu trop pâles pour te décrire et
pour décrire ton héritage
non c’est du vert que je vois
un beau vert bien cru, bien fort
poussant dans le jardin de la vie
tes enfants, tes petits enfants y courent
bleu comme le ciel qui s’ouvre et offre
de nouveau horizons
brun comme la terre à l’automne prête
au repos pour donner, redonner la vie
encore
encore
et encore
oh Margrit, c’est pourtant toujours du rouge, je le sens
dans mon cœur qui saigne encore
mon amour pour toi est toujours là
je t’aime encore et toujours
et je pleure
des larmes d’argent
elles sont précieuses comme l’amitié à jamais recélée comme
un trésor
l’amour, l’amitié jamais ne meurent
Antoinette au réveil ce matin du 12 janvier 2021 à la Neuveville