Une douche inattendue
En ce vendredi 28 mai 2021, je quitte Chora pour remonter chez moi.
Au sortir de la ville, en direction de Triandaros il y a trois stations d’essence. La plupart du temps je m’arrête à la première sur la droite. Je les connais bien et ils me livrent le mazout. Très aimables, ils m’offrent souvent une petite gâterie, fruit ou autres quand il y en a.
Parfois je m’arrête à la station bleue, toujours sur la droite, car ils ont un magnifique chien noir. J’aime les chiens.
Jamais je ne me suis arrêtée, à la troisième. Kostas pourtant m’y invite, à celle-là ou à l’autre qui se trouve sur la route en direction de Kambos, Loutra…Dans celle-là je me suis déjà arrêtée.
Ok la première je la laisse de côté. A la seconde il y a 2 motos qui bloquent l’accès aux pompes. Ça y est, ce sera ma première, le réservoir est quasi vide, je traverse la route et m’arrête à la troisième station.
Une aimable et forte dame s’approche, me demande ce que je veux. « Le plein de sans plomb ». Elle prend alors la pompe et là…….je crois que je n’ai jamais de ma vie été aussi surprise, bouche bée, muette, statufiée.
Avez-vous déjà vu des éléphants jouer avec de l’eau, en prendre plein la trompe et s’amuser à gicler alentours ? c’est puissant comme jet, ça gicle fort et loin.
Eh bien je me suis trouvée dans la situation de recevoir d’un éléphant, en gros une dizaine de litres d’essence sur moi, sur ma tête, épaule, buste, sacs, hanche, jambe, jusqu’au pied. Tout mon côté gauche aspergé d’essence nauséabonde. Je suis restée figée, sans mot dire, complètement étonnée, ébahie, ébaubie, abasourdie, estomaquée, médusée, sciée….
La bonne femme a retrouvé ses esprits avant moi, mais je ne sais pas ce qu’elle m’a dit, je n’étais pas en état d’entendre, jusqu’à ce que j’exprime mon étonnement et que j’entende ses excuses…
« Je voudrais me laver ». Elle me conduit dans un sous-sol misérable et demande à recevoir tous mes vêtements pour qu’elle les donne au chimique qu’elle paiera. « Mais je ne vais pas m’en aller toute nue quand même ! ». Ce à quoi elle acquiesce….quand même….un brin de normalité….je reprends pied.
Nous retournons à la voiture et cette fois, le tuyau ayant été vidé de son trop plein, elle fait le mien dans ma guimbarde que nous appelons la grand-mère.
A cette aventure c’est ajouté le sauvetage d’un bébé chat qui s’était niché sous un camion et à l’arrêt du camion à la station, il est descendu en miaulant à qui mieux mieux.
J’ai fait des pieds et des mains pour qu’on le récupère et cela a été un sacré défi. L’animal d’à peine 200 gr s’est avéré aussi fort qu’un tigre et menaçant, défendant sa vie comme un enragé.
Finalement tout concourt au bien de ceux qui aime Dieu et les animaux. Le chat a été sauvé, mes habits lavés et moi douchée à triple dose.
La bonne femme-éléphant s’est avérée très sympathique, parlant très bien le français. J’y retournerai. Peut-être même l’inviterai-je et nous pourrons rire de cette histoire et moi avoir des nouvelles du chaton.