Lié à une fête religieuse, jour de l’annonciation
Le 25 mars, la Grèce fête la libération contre l’occupation turque après 400 ans de présence turque sur leur sol. Les célébrations ont lieu le 25 mars, commémorant la déclaration d’indépendance du pays. Celle-ci fut proclamée le 25 mars 1821 par les indépendantistes hellènes, réunis en Sénat à Kalamata après 7 années de révolution. Ce jour est hautement symbolique puisqu’il s’agit du jour de l’Annonciation, ô combien important pour la société grecque où l’orthodoxie joue un rôle prééminent. Le 25 mars est un jour férié fêté aussi bien par les non croyants, les catholiques et surtout par les orthodoxes. Ces célébrations donnent lieu à d’importantes manifestations populaires, notamment à Athènes et à Thessalonique où des parades militaires sont organisées.
A Tinos où la vierge Marie est plus qu’une icone, une divinité, la fête est totale. L’île est d’ailleurs un lieu de pèlerinage orthodoxe.
Des évènements similaires ont lieu dans les pays où la diaspora hellène est très nombreuse, comme aux États-Unis. Le 25 mars est également férié à Chypre, pays hellénophone historiquement liée à la République hellénique ( Ceci méritera un autre article prochainement)
Le 25 mars est déclarée fête nationale par le décret royal d’Othon Ier, en 1838. Elle est l’une des deux fêtes nationales grecques avec le 28 octobre, le Jour du Non : celle-ci commémore le refus du Premier Ministre Ioannis Metaxás de céder à l’ultimatum italien et de laisser la Grèce se faire envahir par l’Italie fasciste, le 28 octobre 1940.
Coup sur coup, affaiblis, ils ne purent résister à l’invasion allemande qui suivit et affaibli considérablement le pays avec des conséquences économiques que l’on voit malheureusement aujourd’hui.
L’identité nationale grecque s’article autour de l’héritage classique (Antiquité), la période byzantine (époque médiévale) et la période contemporaine (depuis le xixe siècle et la Guerre d’indépendance grecque).
Le patrimoine historique de l’Antiquité façonne sensiblement la Grèce contemporaine au moment de l’accession à l’indépendance, en 1830. Entre 330 et 1453, l’Empire byzantin est un empire hellénisé, la langue vernaculaire est le grec. Constantinople joue un rôle essentiel dans la transmission de l’héritage gréco-latin. Tout cela contribue à lier l’héritage byzantin à l’identité grecque2,3. Avec le schisme de 1054, la rupture avec le catholicisme, déjà sérieusement amorcée avec le concile de Nicée-Constantinople4 et la querelle du Filioque5, l’orthodoxie devient une composante identitaire très forte pour les Grecs, qui ne sont plus simplement une partie du monde catholique, mais une partie distincte du christianisme. Les Grecs ne se définissaient alors pas comme « grecs », mais ils se qualifiaient plutôt de Romioi (Ρωμαίοι). L’Empire byzantin ne s’est jamais appelé ainsi, se considérant plutôt dans la continuité de l’Empire Romain d’Orient. Ce n’est qu’au XVIe siècle que le terme « byzantin » est inventé par l’historien germanique Hieronymus Wolf6.
Avec la chute de Constantinople en 1453, la Grèce, qui était jusqu’alors partie intégrante de l’Empire byzantin, passe sous domination ottomane. L’Empire ottoman est un empire décentralisé où coexistent plusieurs identités culturelles : Albanais, Serbes, Roumains, Bulgares. La religion et la langue deviennent des marqueurs identitaires Sont « grecques » les populations hellénophones et orthodoxes. Au cours des XVIIe et XVIIIe siècles, l’identité grecque connaît un essor intellectuel nourri par les Lumières européennes qui font émerger une conception nouvelle : la conception de l’État-Nation. Des écrivains comme Rigas Feraios, Adamántios Koraïs et Dionýsios Solomós introduisent cette idée dans le monde grec : ce sont les Lumières néohellènes. La Révolution française, puis la période napoléonienne, aboutissement du sentiment d’État-Nation, ont beaucoup d’influence sur les élites grecques, qui forment la classe éclairée de l’Empire ottoman grâce à leur place prééminente dans le milieu économique, notamment maritime. En 1803, Adamantios Koraïs publie à Paris un Mémoire sur l’état actuel de la civilisation en Grèce, complété en 1806 par le Discours sur la Liberté. En 1815, fut formé à Odessa une société secrète, la Filikí Etería (Φιλικὴ ἐταιρεία) autour d’Alexandre Ypsilántis. Cette organisation fut à l‘origine du mouvement d’indépendance nationale et de la proclamation du 25 août 18219 autre fête nationale.
Pour l’occasion, une médaille commémorative de bronze est fondue, représentant l’archevêque, tenant dans sa main gauche un drapeau et une croix dans sa main droite, entouré de deux soldats armés le saluant, bras levé. L’inscription au recto est : « JE COMBATTRAI POUR LA FOI – KALAVRYTA 25 MAR 1821 ». Le verso représente Germanós, de profil.
Sur notre île, comme partout ailleurs, la fête est un jour férié. Tout est fermé. La fête est dans la rue, défilé militaire, religieux, scolaire, suivi de toute la population. Personne ne songerait à y échapper tant la liesse est encore manifeste.